Your Old Droog

It Wasn't Even Close, disque de la semaine du Grigri du 10/06 au 16/06

Petite remarque liminaire: c’est marrant de voir à quel point la pochette de ce troisième album de Your Old Droog ressemble à celle du premier LP de Joe Armon-Jones. Comme s’il y avait une communauté d’esprit entre la jeunesse du hip-hop US et la nouvelle vague du jazz londonien. Avec cette même idée de chambre mal rangée (c’est-à-dire sans hiérarchie): de Zappa dans les chiottes à King Kong à la télé, il n’y a qu’un pas. Mais aussi ces clins d’oeil vintage (un gramophone ou un ghetto blaster) ou autoréférencés avec le maillot YOD (pour Your Old Droog) flanqué du numéro 1 bien sûr ou cette coupure de journal avec pour titre: Your Old Droog is The Best.

Et si le trentenaire américano-ukrnainien n’est pas encore le meilleur malgré ces éclats de méthode Coué, il s’en rapproche petit à petit avec It Wasn’t Even Close. Deux ans après le déjà séduisant Packs, le garçon rassemble toute une clique de beatmakers chers au Grigri (Evidence, Mono En Stereo ou Tha God Fahim) pour construire un écrin parfait (car classe et minimal) pour son flow tranquille, grave, enveloppant. Rapproché à ses débuts de Nas, le New-Yorkais affiche ici bien plus sa filiation avec le « super villain » MF DOOM, invité comme un symbole sur « RST ». Résultat, It Wasn’t Even Close ressemble à l’adoubement grandeur nature d’un type profondément hanté par le rap qui l’a fait grandir dans tous les sens du terme.

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Pour son second album en 2025, le guitariste, multi-instrumentiste et producteur japonais Takuro Okada signe un hommage à ses influences, de Sun Ra au saxophoniste norvégien Jan Garbarek (avec une reprise de son Nefertiti), en passant par la scène jazz fusion japonaise ou encore Flying Lotus. Ce type d’exercice, souvent raté chez d’autres, est ici parfaitement orchestré : chaque morceau dialogue avec le suivant, tissant un ensemble cohérent qui nous captive, parfois au bord de l’hypnose… comme ces cercles aux centres différents mais si proches de la pochette.

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Au début, les jazzmen offraient aux producteurs hip-hop la matière première idéale pour leurs instrus. Mais aujourd’hui, la boucle s’inverse : ce sont de jeunes groupes qui se laissent imprégner par l’héritage de Madlib ou J Dilla. Symbole de cette mouvance, le quintet polonais Omasta façonne avec Jazz Report from the Hood un jazz-funk live jouissif, aux rythmes enfumés, prêt à être samplé et découpé dans une MPC. Une preuve que les B-boys et les amateurs de blue note n’ont jamais été aussi proches!

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