Cheick Tidiane Seck

Timbuktu - The Music of Randy Weston, disque de la semaine du Grigri du 07/10 au 13/10

Les albums-hommage, ça peut être chiant comme un match de l’équipe de France de rugby. Mais ça peut être aussi fou comme un Tottenham-Bayern en Champions League. Si Timbuktu, The Music of Randy Weston est intronisé disque de la semaine du Grigri, vous vous doutez bien qu’il penche plutôt du bon côté de la Force, celui qui fait plus rêver que somnoler. Et ce, pour plusieurs raisons qu’on va se faire un plaisir de lister parce qu’on aime les listes autant que les comparaisons sportives et les tournées générales:

  1. C’est le premier véritable hommage rendu à Randy Weston, immense pianiste pionnier des échanges entre jazz et musiques gnawa. Disparu il y a un an, l’homme a fait partie de ceux qui ont façonné le fameux spiritual jazz dont toute une génération se réclame aujourd’hui.
  2. Cheick Tidiane Seck était vraiment ami avec Randy Weston, ce n’est donc pas un tribute d’un type en manque d’idée, mais une sorte de messe dédiée à un être cher, à l’image du morceau d’ouverture où le pianiste malien fait une intro pleine de tendresse.
  3. Hommage ne veut pas dire muséification et Cheick Tidiane Seck se sert des thème intemporels de son aîné (“Niger Mambo”, “Ganawa (Blues Moses)” “African Songbook”) comme de grandes cours de re-création. Il étire, accélère et temporise les mélodies comme Hitchcock le ferait avec le suspense. Sa version de “In Memory Of” (morceau culte samplé en son temps par Prodigy) est tellement blues qu’elle sonne comme un pacte avec le diable signé des deux mains.
  4. Manu Dibango, autre maître de l’afro-jazz, est invité sur deux morceaux à rebondissements (“Timbuktu”, “African Cookbook”). Et, à 85 piges, le Camerounais semble habité comme rarement.
  5. Sur le dernier morceau, la seule composition du disque, “Mr Randy”, Cheick Tidiane Seck joue sur un Moog (le synthé un peu psyché de la B.O. d’Orange Mécanique par exemple). Et il lui a été offert par son ami Damon Albarn. Car le Malien a le carnet d’adresses tellement épais (Stevie Wonder, Wayne Shorter, Jimmy Cliff, Carlos Santana, Archie Shepp, Salif Keita…) qu’il ressemble au Dico d’Or de la Musique. Et malgré tout l’homme comme sa musique transpire l’humilité à chaque instant. Car un grand disque, ce n’est pas toujours une ode au torse bombé. Ça peut être, comme Timbuktu, The Music of Randy Weston, un hymne à la déférence.

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Derrière le rideau de fer, il y avait des chars, des idéaux dévoyés comme des micros planqués — et plus étrange : du jazz. Spirituel, incandescent, mais surtout clandestin. À l’Est, on soufflait dans les saxs comme on lançait des prières ou des pierres, chez soi ou bien loin des spotlights. Behind the Iron Curtain explore un monde verrouillé, où les disques passaient sous le manteau et la liberté vibrait à chaque note. Des Carpates à l’Oural, le jazz comme insoumission, ou comme cheval de Troie — avec des étoiles plein les oreilles.

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Alliance du bout du monde entre le rappeur Mary Sue et le groupe jazz The Clementi Sound Appreciation. La recette est donnée dès le premier morceau : samples de musique folklorique d’Asie du Sud-Est mixés à des instrumentations live, sur lesquelles se pose le flow et les lyrics abstraites du MC. On se croirait en plein rap alternatif américain, mais cela nous vient directement de l’underground singapourien. Un objet sonique unique et percutant. La sono mondiale, la vraie !

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