Reflection of Another Self

Un premier album, c’est souvent un coup de poker : une occasion de montrer son talent au grand jour, mais aussi la peur de se rater — et de ne jamais avoir l’opportunité de tenter un deuxième essai. Bien souvent, on préfère en mettre un maximum, au risque de perdre en cohérence.

La jeune artiste Milena Casado a peut-être trouvé la solution à cette difficile équation. Trompettiste confirmée, elle n’est pas une nouvelle venue sur la scène jazz : elle a déjà joué aux côtés de grands noms comme Vijay Iyer, Aaron Parks ou Kris Davis. Forte de cette expérience, elle décide de fonder son propre quintet avec lequel elle sort son premier album : Reflection of Another Self.

C’est un voyage en plusieurs étapes, où son jazz se mêle à une palette d’ambiances variées. On entre dans l’album avec deux morceaux marqués par des influences hip-hop : le percutant O.C.T (Oda to the Crazy Times), en featuring avec le rappeur KOKAYI, puis Yet I Can See, véritable source à samples. Vient ensuite Unconditional Love, au groove chaleureux, avant une bascule vers des sonorités plus free jazz. L’album s’achève dans une atmosphère aérienne, avec en point culminant le sublime Self Love. Entre chaque grande séquence, des interludes agissent comme des sas de décompression, des portes de sortie vers d’autres univers.

La musicienne prend le risque d’explorer plusieurs directions — et c’est un pari gagnant sur toute la ligne. On découvre une artiste à la fois talentueuse et audacieuse, qui maîtrise son langage musical tout en y injectant une véritable personnalité. Après l’Angleterre, la Belgique ou la Pologne, c’est l’Espagne qui se réveille à son tour et révèle une nouvelle voix forte du jazz contemporain. All-in gagnant pour Milena Casado!

Géniale introspection d’un nouveau talent

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Derrière le rideau de fer, il y avait des chars, des idéaux dévoyés comme des micros planqués — et plus étrange : du jazz. Spirituel, incandescent, mais surtout clandestin. À l’Est, on soufflait dans les saxs comme on lançait des prières ou des pierres, chez soi ou bien loin des spotlights. Behind the Iron Curtain explore un monde verrouillé, où les disques passaient sous le manteau et la liberté vibrait à chaque note. Des Carpates à l’Oural, le jazz comme insoumission, ou comme cheval de Troie — avec des étoiles plein les oreilles.

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Alliance du bout du monde entre le rappeur Mary Sue et le groupe jazz The Clementi Sound Appreciation. La recette est donnée dès le premier morceau : samples de musique folklorique d’Asie du Sud-Est mixés à des instrumentations live, sur lesquelles se pose le flow et les lyrics abstraites du MC. On se croirait en plein rap alternatif américain, mais cela nous vient directement de l’underground singapourien. Un objet sonique unique et percutant. La sono mondiale, la vraie !

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