schroothoop

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Ça commence comme une mélodie de charmeur de serpents inspirée par Arthur Blythe (“Obsolescence Programmée”). Et ça finit par, dixit le groupe, un “Chaabi gai avec une touche celtique” (“Asbest in Huis”). Entre-temps, on se retrouve tel Mowgli avec le serpent Kaa, complètement hypnotisés par ce trio belge qui fabrique lui-même ses instruments à partir d’objets trouvés ici et là. Leur nom de groupe fait d’ailleurs clairement référence à leur côté Géo Trouvetou écolo: Schroothoop signifie littéralement tas de ferraille en flamand. Résultat, sur ce klein gevaarlijk afval, on peut entendre une contrebasse confectionnée à l’aide d’une corde à linge et d’une cuve pour mélanger le ciment, des flûtes en tubes PVC ou un violon construit avec une boîte de conserve, un manche à balai, un fil de pêche et un porte-manteau.

Se plonger dans ces sept courts titres de transe artisanale, c’est vivre une expérience dans tous les sens du terme: le trio bruxellois a quelque chose de profondément immersif au carrefour de la performance d’art contemporain et de la mission citoyenne de proximité. Membres d’une même fanfare, La Clinik du Dr. Poembak, les trois musiciens de Schroothoop sont se rassemblés autour d’une envie commune: faire bouger un quartier de la capitale belge, à savoir la zone frontalière de Jette-Laeke. Suite à l’enthousiasme provoqué par leur premier concert improvisé de bric et de broc, ils ont décidé d’immortaliser cette aventure sur un disque hébergé sur le passionnant label belge Rebel Up! Records.

Mais tout ça ne serait que du folklore et du storytelling si la musique façonnée à la main par Rik Staelens (instruments à cordes et à vent), Timo Vantyghem (basse & clarinette) et Margo Maex (percussions) n’était pas aussi fascinante. Si elle évoque bien sûr tous les génies bricolos du passé comme Moondog, elle s’aventure aussi sur les terres en fusion défrichées en son temps par Don Cherry: à mi-chemin entre feeling jazz et traditions des quatre coins du monde (de la cumbia aux Gnawas), klein gevaarlijk afval ressemble parfois à une sorte de The Comet is Coming artisanal et DIY: c’est flagrant sur les très puissants “Magnetron” ou “Rostfrei”. On vous le répète: ce tas de ferraille vaut de l’or. Car il nous fait partir très loin avec pas grand-chose.

🇬🇧 The name of the band literately means “scrap heap” in Flemish. Completely normal for musicians, who make their own instruments from objects found here and there. As a result, you can hear a double bass made with a clothesline and a ciment mixer, flutes made with PVC tubes or a violin built with a tin can, a broomstick, fishing line and coat rack. (…) The Brussels trio has created something deeply immersive at the crossroads of contemporary art performance and the civic mission of proximity. But all of that would be simple folklore or storytelling if the hand-crafted music of Rik Staelens (string and wind instruments), Timo Vantyghem (bass & clarinet) and Margo Maex (percussion) wasn’t so fascinating. If it evokes of course all the DIY geniuses of the past like Moondog, it also ventures on the lands cleared in his time by Don Cherry and nowadays by “The Comet is Coming” for example. We assure you that this “scrap heap” is worth gold!