79rs Gang

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Attendez-vous à l’inattendu, proclame le 79rs Gang. Eh bien, on peut dire que les Néo-Orléanais ne nous mentent pas sur la marchandise: Expect The Unexpected part littéralement dans tous les sens. Difficile même de trouver une véritable ligne directrice à ce défilé endiablé qui navigue entre rap, fanfare, techno, chansons traditionnelles d'Indiens de Mardi gras et émouvantes envolées a cappella. Mais c’est justement ce qui fascine: le 79rs Gang se contrefiche du bon goût, du formatage ou de la logique. Il se donne à fond, à fond, à fond, bidouille synthés ou boîtes à rythmes et accouche de séquences complètement emballantes.

Association inédite entre les Big Chiefs de deux gangs de Black Indians - les habitants africains-américains de La Nouvelle-Orléans - 79rs Gang est à l’image de sa ville de naissance: un véritable creuset d’histoires, d’influences et de genres. Il suffit de voir la très éclectique liste de ses invités pour s’en convaincre: le trompettiste héraut de la BAM (Black American Music) Nicholas Payton qui magnifie le sineux “War Cry”; Win Butler, le co-fondateur des rockeurs d’Arcade Fire, aux machines ou encore le collectif haïtien Lakou Mizik pour l’emballante relecture du standard “Iko Iko” en “Iko Kreyol”. Même si les textes peuvent parfois être rudes (“Stop The Water” au sujet de Katrina ou “Culture Vulture” sur le mercantilisme), on sent le groupe habité par une seule et unique envie: faire danser, danser et danser.

Sur leur précédent album sorti il y a cinq ans (Fire On The Bayou), Jermaine Bossier des 7th Ward Creole Hunters et Romeo Bougere des 9th Ward Hunters proposaient une version traditionnelle des chants des Black Indians: le fameux call and response dans le plus simple appareil: voix + percussions. Le flow hip-hopesque, les basses très dance et l’ajout d’instruments, qui plus est synthétiques, sur ce Expect The Unexpected peuvent clairement déstabiliser les aficionados du genre, un peu comme Ifé l’avait fait avec la musique afro-cubaine. Pourtant, très vite, on devient totalement accro à ce gumbo pour les oreilles, très épicé, mais tout doux en fin de chaque face - “The History“ et “Pretty Big Chief“. Bref, si Expect The Unexpected n’est pas le disque le plus parfait de l’année, il est clairement l’un des plus surprenants, attachants et déboîtants.

🇬🇧 It is difficult to find a guideline in this parade in which navigates rap, fanfare, techno, traditional songs of Mardi Gras Indians and a-cappella fights, that is somehow giving birth to truly exciting sequences. This unprecedented association between the Big Chiefs of two gangs of Black Indians is an image of New-Orleans: a true melting pot of stories, influences and genres. And to understand that and be convinced, you just have to take a look at the list of its guests : the herald trumpeter of BAM (Black American Music) Nicholas Payton who magnifies "War Cry"; Win Butler, the co-founder of Arcade Fire, the Haitian collective Lakou Mizik for an exciting rereading of "Iko Iko". (…) At the end, you will, like us, become totally addicted to this very spicy and very sweet gumbo for the ears. If “Expect The Unexpected” is not the most perfect record of the year, it is clearly one of the most surprising, endearing and thunderous.