Oumou Sangaré

Acoustic, disque de la semaine du Grigri du 07/09 au 13/09


Acoustic, No Format!

L’unplugged, c’est le détecteur à mensonges du monde de la musique. Qui s’y frotte s’y pique ou s’y surpasse, il n’y a pas d’entre-deux. Une voix, un micro, quelques cordes et basta. L’enfance de l’art, quoi. En quelques instants, on reconnaît les vrai.e.s de vrai, ceux qui sont capables de te renverser la cervelle dans un stade ou dans une cave, dans le désert ou sur les toits. Bref, ceux qui restent électriques même les jours de blackout EDF.

Pour Oumou Sangaré, on n’avait pas vraiment besoin de ce test acoustique grandeur nature: on savait à quel point la chanteuse malienne pote de Herbie Hancock et Oprah Winfrey planait bien au-dessus de la mêlée depuis plus de trente ans et son premier album sous forme de claque sensible, Moussoloudont elle reprend ici à voix nue le “Diaraby Nene” qui avait été samplé l’an dernier par une certaine Beyoncé. Pourtant, dès les premières notes de “Kamelemba”, on sent, on sait, on savoure: quelle sacrée idée que cet album de reprises sans filets de Mogoya, son disque sorti il y a trois ans chez No Format!.

Ce côté “concert au coin du feu” installe une incroyable ambiance et le très énergique “Fadjamou” enregistré en 2017 avec l’inimitable batterie du regretté Tony Allen atteint par exemple des sommets d’intensité minimale. C’est d’ailleurs le moment de saluer l’impeccable et implacable équipe de la diva malienne: les choristes Emma Lamadji et Kandy Guira, le guitariste Guimba Kouyaté, le claviériste Vincent Taurelle et le fidèle parmi les fidèles: le joueur de Ngoni, Brahima « Benogo » Diakité. Big up aussi au fondateur du label No Format! Laurent Bizot qui a instillé à Oumou Sangaré l’envie de faire cette sorte de “MTV Unplugged”.

Difficile de croire qu’Acoustic a été immortalisé en deux jours au studio Midi Live de Villetaneuse. On a davantage le sentiment qu’il a été capté à l’arrachée d’un songe d’une nuit d’été. Dans les silences de la Malienne, on voit des étoiles. Dans ses mots, on entend la lumière. Et l’on se dit que ce disque est décidément grand et grisant comme un poème parfait.

Last news

Derrière le rideau de fer, il y avait des chars, des idéaux dévoyés comme des micros planqués — et plus étrange : du jazz. Spirituel, incandescent, mais surtout clandestin. À l’Est, on soufflait dans les saxs comme on lançait des prières ou des pierres, chez soi ou bien loin des spotlights. Behind the Iron Curtain explore un monde verrouillé, où les disques passaient sous le manteau et la liberté vibrait à chaque note. Des Carpates à l’Oural, le jazz comme insoumission, ou comme cheval de Troie — avec des étoiles plein les oreilles.

Listen / Buy

Alliance du bout du monde entre le rappeur Mary Sue et le groupe jazz The Clementi Sound Appreciation. La recette est donnée dès le premier morceau : samples de musique folklorique d’Asie du Sud-Est mixés à des instrumentations live, sur lesquelles se pose le flow et les lyrics abstraites du MC. On se croirait en plein rap alternatif américain, mais cela nous vient directement de l’underground singapourien. Un objet sonique unique et percutant. La sono mondiale, la vraie !

Listen / Buy

D'autres albums coup de cœur

© Le Grigri, 2024 — Made with 🖤 — World Best Radio of the year 2062