Henry Canyons

“Cool Side of the Pillow” tourne en boucle sur Le Grigri

Il y en a des rappeurs jazzophiles, mais celui-là pousse le bouchon encore plus loin que les autres, ce qui n’est pour nous déplaire. Déjà sur Canyonland en 2015, cet ex-saxophoniste californien avait intitulé un de ses titres « Now’s The Time » sans doute en référence au standard de Charlie Parker (dont Basquiat était fan soit dit en passant pour nous la péter). Sur ce Cool Side of The Pillow (titre génial : qu’y a-t-il de plus extatique dans la vie qu’un côté d’oreiller frais alors qu’on ne trouve pas le sommeil?), rebelote : difficile de ne pas voir dans « It Don’t Mean a Thing » un clin d’oeil au cultissime morceau de Duke Ellington. Mais tout cela ne serait qu’anecdote, littérature et branlette pour cervelle si l’album de Henry Canyons n’était pas tentant comme une sieste (avec oreiller frais) en été. Et porté par ses boucles arc-en-ciel, son sample de « Round Midnight » (le jazz, là encore, sur « To The Dreamers »), ses featurings classe A (Homeboy Sandman ou… Google) ou son flow précis et grave à la Jonwayne, Cool Side of The Pillowest clairement l’un des trésors cachés de l’année hip-hop. Le genre de disque capable de rafraîchir un oreiller même un soir de cauchemar.

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Pour son second album en 2025, le guitariste, multi-instrumentiste et producteur japonais Takuro Okada signe un hommage à ses influences, de Sun Ra au saxophoniste norvégien Jan Garbarek (avec une reprise de son Nefertiti), en passant par la scène jazz fusion japonaise ou encore Flying Lotus. Ce type d’exercice, souvent raté chez d’autres, est ici parfaitement orchestré : chaque morceau dialogue avec le suivant, tissant un ensemble cohérent qui nous captive, parfois au bord de l’hypnose… comme ces cercles aux centres différents mais si proches de la pochette.

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Au début, les jazzmen offraient aux producteurs hip-hop la matière première idéale pour leurs instrus. Mais aujourd’hui, la boucle s’inverse : ce sont de jeunes groupes qui se laissent imprégner par l’héritage de Madlib ou J Dilla. Symbole de cette mouvance, le quintet polonais Omasta façonne avec Jazz Report from the Hood un jazz-funk live jouissif, aux rythmes enfumés, prêt à être samplé et découpé dans une MPC. Une preuve que les B-boys et les amateurs de blue note n’ont jamais été aussi proches!

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