Etuk Ubong

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Bordel, qu’est-ce qu’on le déteste ce Covid. Il nous empêche d’éprouver grandeur nature une intime conviction: “Mass Corruption” ou “African Struggle” vous/nous feraient transpirer par tous les pores si on les passait en DJ-Set. Car l’une des très nombreuses qualités d’Africa Today, c’est sa transe. Cousine des folies afrojazz de Manu Dibango (période Africadelic) ou des manifestes afrobeat de Fela Kuti, la musique d’Etuk Ubong fait danser et penser dans un même geste. Elle est à proprement parler furieuse. Et même quand elle se fait plus douce et méditative sur “Spiritual Change”, le Nigérian chante dans le plus grand des calmes: “The Problems of African Lies Within Us”.

Etuk Ubong, on le voit, n’est pas là pour rigoler - et ce, dans tous les sens du terme. Il suffit de jeter un oeil à son CV de trompettiste pour s’en convaincre: passé par le Peter King College of Music, la Muson School of Music et l’Université du Cap, le garçon a fait ses gammes aux côtés de la légende highlife, Victor Olaiya - tout comme Fela Kuti et Tony Allen en leur temps. Autre point commun avec le(s) fondateur(s) de l’afrobeat, le Nigérian a ouvert son club à Lagos, The Truth (le “Black President” avait lui opté dans les années 70 pour un nom tout aussi religieux: Afrika Shrine). Résultat, Seun Kuti parle de ce jeune confrère né en 1992 comme d’un des meilleurs espoirs made in Lagos.

Mais le Nigérian n’est pas seulement prophète en son pays. La scène jazz anglaise, profondément éprise d’afrobeat, l’a également adopté: il a joué avec le tubiste de Sons of Kemet, Theon Cross et il invite le pianiste du Vels Trio, Jack Stephen Oliver, sur Africa Today. C’est d’ailleurs sur une structure londonienne (Night Dreamer à qui l’on doit les fructueuses rencontres Seu Jorge/Rogê ou Gary Bartz/Maisha) qu’il signe ce premier album en leader. Enregistré en une seule session dans un studio hollandais, comme c’est la tradition sur ce label, ce disque de baptême nous rend complètement f(l)ou à l’image de sa pochette signée Elaine Groenestein. Et quelque chose nous dit qu’on ne va pas être les seuls.

🇬🇧 One of the many good things about “Africa Today” is its trance. Highly connected to the “Afrojazz” of Manu Dibango (Africadelic’s time) or to the Fela’s “Afrobeat”, Etuk Ubong's music can make people dance and think in the same gesture. Strictly speaking, it is “furious”. And even when it is softer and more meditative like on “Spiritual Change”, the Nigerian sings calmly: “The Problems of African Lies Within Us”. (…) Seun Kuti is already speaking of this young colleague born in 1992 as one of the best hopes “made in Lagos” and the Nigerian is starting to get famous outside his country. The English jazz scene, deeply infatuated with Afrobeat, has welcomed him to perform with “Sons of Kemet” tubist Theon Cross or with “Velds Trio” pianist Jack Stephen Oliver. (…) Recorded in a single session in a studio in the Netherlands, as it is the tradition on his british label “Night Dreamer”, this first record has driven us crazy!