[PREMIERE] L'immense Mary Lou Williams ressuscitée par l'Umlaut Big Band

Avec l’Umlaut Big Band, on n’a jamais de mauvaises surprises. Mais quand on a appris que ce big-band à 28 mains planchait sur l’une des pianistes fétiches du Grigri, l’immense Mary Lou Williams, on a immédiatement basculé dans la très très bonne surprise. A l’issue d’un véritable travail d’ethnomusicologie et de collecte de partitions inédites, l’orchestre vient réhabiliter le travail d’arrangement et de composition largement occulté de la pianiste. En prévision du concert qui aura lieu le 3 juillet au théâtre de l’Aquarium à Paris et de la sortie de l’album le 17 septembre sur Umlaut Records, le Grigri vous dévoile en exclusivité l’arrangement pour big-band du titre “Chunka Lunk”.

Mary Lou Williams fait partie de ses figures d’exception qui ont traversé l’histoire du jazz. Pas du genre d’une traversée de croisière où l’on se contente de bronzer sur le quai et de manger des petits fours. Non. Une traversée en brasse coulée, sans combinaison imperméable, celle qu’ont dû vivre les musiciennes afro-américaines dans cette machine à broyer les êtres qu’était l’Amérique ségrégationniste. Et l’histoire, jusqu’à présent, n’a pas vraiment su faire honneur à cette immense artiste. Qui sait qu’elle a été dans les années 1940 la mentore des futurs leaders de la révolution Be-Bop Thelonious Monk, Bud Powell et Dizzy Gillepsie ? Qu’elle a écrit pour Duke Ellington et Benny Goodman ? Qu’elle a collaboré avec Cecil Taylor et Buster Williams dans les années 1970 ?

Avec Mary’s Ideas, ils nous permettent de redécouvrir une véritable force de la nature, une Arche Perdue, un chef-d’œuvre total qui balaye un demi-siècle d’innovation musicale tout en clamant haut et fort, comme le faisait Williams, que « le blues est la vérité du jazz. » 

A la fin de sa vie, la pianiste autodidacte qui s’était distinguée par un style Harlem stride des plus classiques, se lançait dans l’exploration du jazz modal, finissant là cette traversée épique de l’histoire du jazz à laquelle elle consacra d’ailleurs un projet de symphonie. Bref, il ne fallait rien de moins que l’Indiana Jones du jazz pour lui rendre un hommage à la hauteur de son talent créatif : le fameux Umlaut Big Band, que le Grigri avait déjà oscarisé pour son travail sur le compositeur Don Redman. Pour ce nouveau projet baptisé « Mary’s Ideas », le directeur artistique Pierre-Antoine Badaroux et le saxophoniste Benjamin Dousteyssier se sont rendus à l’Institute of Jazz Studies à Newark pour aller fouiller dans les archives personnelles de Mary Lou Williams. Ils en sont ressortis avec une valise (digitale) bourrée de partitions inédites, souvent inachevées, et une envie furieuse de rendre à Williams ce qui appartient à Williams. 

Mary’s Ideas, c’est un album-somme en deux disques et 40 titres qui sortira le 17 septembre. C’est aussi un manifeste adressé à l’histoire qui sera porté sur scène, dès le 3 juillet au Théâtre de l’Aquarium à Paris dans le cadre du festival Bruit, par un big-band somptueux composé de 14 membres et dirigé par Pierre-Antoine Badaroux. L’Umlaut Big Band nous permet, une fois encore, de redécouvrir tout le talent d’un(e) compositeur-arrangeur en retraçant son parcours à travers l’évolution du jazz. Avec Mary’s Ideas, ils nous permettent de redécouvrir une véritable force de la nature, une Arche Perdue, un chef-d’œuvre total qui balaye un demi-siècle d’innovation musicale tout en clamant haut et fort, comme le faisait Williams, que « le blues est la vérité du jazz. » 

L’album Mary’s Ideas, à paraître le 17/09/21.

L’album Mary’s Ideas, à paraître le 17/09/21.

Auguste Bergot