[PREMIERE] "Tribute To Bafo" de Sibusile Xaba

2 semaines avant sa sortie, Ngiwu Shwabada, le nouvel album du prodige sud-africain de la folk mystique débarque en exclusivité sur Le Grigri. On vous en fait découvrir un impressionnant extrait qui nous rappelle que la voix de Sibusile Xaba pourrait faire pleurer des pierres et leur redonner le sourire la seconde d’après.

On s’en souvient comme si c’était hier. Car c’était hier ou presque: en novembre 2018, Sibusile Xaba avait joué pour le second apéro du Grigri à La Petite Halle. Et c’était fort, très fort: guitare, voix. Pas plus, pas moins. Avec ce matériel réduit, le Sud-Africain vous emmène très, très loin. A la fois géographiquement et spirituellement. Mais aussi chronologiquement. Car Sibusile Xaba l’a toujours dit et répété: sa musique est un dialogue avec les ancêtres. Parfois même, ils lui soufflent des chansons dans ses rêves.

Trois ans après le fascinant Open Letter to Adoniah, le natif de la province de KwaZulu-Natal revient presque dans le plus simple appareil: sa langue et ses cordes, toutes deux aussi haut perchées, indociles et magnifiques. Enregistré avec la complicité vocale de son ami Kholofelo 'Naftali' Mphago, Ngiwu Shwabada sortira le 14 février sur le label français Komos, celui-là même qui nous avait offert l’inspirant Timbuktu de Cheick Tidiane Seck il y a quelques mois. Avec une petite surprise à la fin du disque: “Phefumula”, une impro de plus de 18 minutes avec le saxophone incandescent de Shabaka Hutchings.

Pour Le Grigri et rien que pour Le Grigri, Sibusile Xaba a accepté de révéler un titre de ce disque habité à tous les étages et dans tous les sens du terme. Dernier morceau juste avant le fameux duo avec le héraut du jazz anglais, “Tribute to Bafo” se présente comme un hommage à son mentor, le très influent guitariste Madala “Bafo” Kunene. On y retrouve la patte Sibusile: une émotion à fleur de peau qui ne tombe jamais dans le pathos et une guitare lancinante, brute, vibrante qui ne tombe jamais dans la démonstration. Elle est comme son gratteur en chef: d’une humilité qui confine au sublime.

Crédit: Nikola Cindric

Crédit: Nikola Cindric