[PREMIERE] De Netflix au studio Pigalle : le duo gagnant Kerber & Omicil

Le son de Randy Kerber et Jowee Omicil, c’est à la fois quelque chose qui vient de très loin et qui nous parle de très près, qui prend son temps et se développe lentement, où la souplesse aérienne vient se marier aux forces telluriques. Avec l’album « Y PATI », qui paraîtra le 11 décembre sur le label KOMOS, les deux musiciens qui s’étaient rencontrés sur le tournage de la série “The Eddy”, signent un superbe album de jazz ambient expérimental.

Cette poésie onirique est le fruit de la rencontre du saxophoniste Jowee Omicil et du claviériste-compositeur Randy Kerber. Le premier, né en 1977 à Montréal et résidant aujourd’hui à Paris, est d’origine haïtienne (on peut d’ailleurs l’entendre chanter en créole sur les titres « Grenadié » et « La Gonave »). Passé par le Berklee College of Music, il a joué aux côtés de Branford Marsalis, Marcus Miller, Tony Allen ou encore Francisco Mella et a déjà enregistré 5 albums en son nom propre.

Le second, né en 1958 en Californie, est sans doute l’un des musiciens les plus écoutés au monde (bien que rares sont ceux qui le connaissent). En effet, outre sa carrière aux côtés de Lionel Hampton, Don Ellis, B.B. King ou même Michael Jackson, Randy Kerber a enregistré en tant que claviériste pour plus de 800 bandes originales de films, parmi lesquelles Titanic, Forrest Gump, les trois premiers Harry Potter, La La Land, La Couleur Pourpre… Randy, c’est ce musicien invisible mais présent partout.

Les légères dissonances avec le saxophone finissent de parfaire le tableau spectral de ce qui apparaît comme étant à la fois une ode à Albert Ayler et aux orchestres jazz des années 30.

Leur rencontre, Jowee Omicil et Randy Kerber la doivent d’ailleurs au cinéma. Car c’est sur le tournage de la série « The Eddy », produite par Damien Chazelle pour Netflix, que les deux artistes ont croisé leurs chemins. Attentif à l’alchimie entre les deux acteurs-musiciens, c’est le directeur du label de jazz KOMOS, Antoine Rajon, qui les a réunis au studio Pigalle à la faveur d’un mois de juillet déconfiné. Le cinéma semble ainsi irriguer leur création : difficile de ne percevoir, en particulier sur le titre « Ascenseur 2020 » (disponible sur Bandcamp), l’influence de Miles Davis et de sa B.O. d’Ascenseur pour l’échafaud. On y retrouve quelque chose de ces ambiances sonores un peu brumeuses d’où se détachent les improvisations toutes en intensité, ici d’une trompette, là-bas d’un saxophone alto.

Cet album est aussi un véritable régal pour les amoureux de claviers. Pour obtenir ces sons atmosphériques, Randy Kerber est allé chercher ce qui se fait de mieux dans cette nouvelle génération de synthé qui décuple les capacités d’expression des pianistes en rendant chaque touche sensible aux mouvements du doigts : un véritable instrument total qui permet au claviériste de reproduire ou de transfigurer les capacités de modulation sonore d’un flûtiste, d’un guitariste, d’un accordéoniste… Parmi ces synthés révolutionnaires, on peut donc entendre sur l’album l’Expressive E Osmose et le Haken Continuum, mais surtout le génie de Randy Kerber qui se transforme, avec ces beaux jouets, en homme-orchestre.

Pour cette exclu, on a choisi de vous présenter « Luxologie », un titre un peu à part, dont la tonalité lumineuse dénote avec le mystère ambiant des autres morceaux. Ici, ce ne sont pas les synthés dernière génération qu’a choisis Randy Kerber mais l’ancêtre du Mellotron, le Chamberlin (un instrument à clavier électromécanique), seul capable de produire cet instrumentation rétro à souhait. Les légères dissonances avec le saxophone finissent de parfaire le tableau spectral de ce qui apparaît comme étant à la fois une ode à Albert Ayler et aux orchestres jazz des années 30. Un album à ne pas manquer et dont la sortie est prévue pour le 11 décembre.

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Randy Kerber et Jowee Omicil, ici à la flûte. Crédit : Nikola CindricCover Artwork : Pascal Vilcollet

Randy Kerber et Jowee Omicil, ici à la flûte. Crédit : Nikola Cindric

Cover Artwork : Pascal Vilcollet

Auguste Bergot