JISR جسر

Too Far Away, disque de la semaine du Grigri du 02/11 au 08/11


Too Far Away (free soul inc​.​006 / spirits high above series I)

Jisr en arabe, ça signifie pont. Un beau mot qui prend une résonance toute particulière en cette époque où certains (ils se reconnaîtront) tentent de diviser, séparer, éloigner les gens aux quatre coins du monde. Un beau mot que les grand.e.s Fairuz ou Marcel Khalifé ‎ont célébré en leur temps (dans The Bridge Of The Moon pour la première, dans Al Mayadine pour le second). Un beau mot qui peut aussi résumer toute la démarche du Grigri: essayer de relier (et donc de diffuser sans transition) des musiques, des traditions, des esthétiques en apparence éloignées.

Mais Jisr, c’est aussi et surtout le nom d’un collectif bavarois mené par un chanteur et joueur de guembri marocain, Mohcine Ramdan. Son ambition? “Partager sa vision d’un son pan-oriental émouvant”. Résultat, il construit, bien évidemment, des passerelles entre le maqam arabe, le spiritual jazz, la musique gnawa ou encore l’afrobeat (cf. les tubesques “Musaka” et “Samawi”). Ça pourrait sonner comme du gloubi-boulga informe, mais non, c’est absolument renversant. On dirait même mieux: c’est évident.

Too Far Away is a totally fascinating cosmic road-trip (…) a metaphysical journey, in the limbo of the mind and the imagination, as Jisr’s music exudes a certain (exciting) vision of Eastern tradition

Si les sept séquences de Too Far Away sont toutes magnifiques, on ne pas peut s’empêcher de s’arrêter sur l’impressionnant “Mosque road”, dix minutes à rebondissements entre le jazz à la Dave Brubeck et les ambiances aventureuses à la Indiana Jones. Autre moment fort, l’intense morceau de clôture, “Andalousian springtime”. Petit concerto pour cordes du monde entier (guembri, oud et guitare), il est traversé par la voix profonde et habitée de Mohcine Ramdan. Une pièce cinématographique au possible, qui symbolise parfaitement les ponts qui existent entre musiques arabe et latine.

Premier tome d’une collection hors série du label autrichien Free Soul Inc. baptisée “Spirits High Above” et destinée à promouvoir le “world jazz” dans sa dimension mystique, Too Far Away est un road-trip cosmique complètement fascinant. Mais attention, ce cosmique, il ne faut pas l’entendre au sens futuriste du terme comme pourrait le laisser imaginer la très belle pochette lunaire signée Gergely Lukacs, le trompettiste du groupe. Non, il faut plutôt le voir comme un voyage métaphysique, dans les limbes de l’esprit et de l’imagination, tant la musique des Allemands de Jisr transpire au contraire une certaine vision (emballante et métissée) des traditions orientales.

Mathieu

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Dynamiter l’éthio-jazz avec des solos de saxophone sauvage et de grosses rythmiques : c’est la mission que poursuit depuis plus de 15 ans le groupe Ukandanz, fruit de la rencontre entre le quartet mené par Damien Cluzel et le chanteur éthiopien Asnake Guebreyes. Pour ce sixième album, cela démarre pied au plancher : leur formule, totalement maitrisée, nous propulse sur un dancefloor explosif où la transe est au rendez-vous. La reprise de War Pigs de Black Sabbath (!) en est la meilleure preuve. Un plan sonique totalement démoniaque!

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La trompettiste Poppy Daniels est très occupée : on la retrouve sur scène avec des artistes confirmés comme Arlo Parks ou Jordan Rakei, tout en participant activement à la scène UK Jazz. Mais elle a réussi trouvé le temps de sortir son premier EP, Keep on Going. On est capté par la beauté des mélodies de ces 6 morceaux et on sent le haut potentiel de la jeune musicienne. Mention spéciale au morceau 2 am où un air magnifique, quasi hispanisant, se mêle parfaitement à des percus afrobeat…un groove nocturne qui ne lâche pas!

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