Ebo Taylor

Palaver, disque de la semaine du Grigri du 09/09 au 15/09

Franchement, si personne ne nous avait dit que Palaver était un “album perdu”, on ne l’aurait jamais remarqué. De cette constatation, on peut tirer deux déductions: soit 1/ on est complètement débiles soit 2/ la musique d’Ebo Taylor est incroyablement intemporelle. Et comme l’hypothèse première ne nous arrange pas du tout, on va plutôt pencher pour la seconde – intuition confirmée par l’écoute des paroles de “Help Africa” qui pourraient avoir été écrites aujourd’hui. Enregistrés en 1980 avec sa garde rapprochée (George Amissah au saxophone ou Arthur Kennedy à la trompette), ces cinq titres du maître du highlife étaient restés cachés dans les archives du label nigérian Tabansi Records.

Et si le Ghanéen ne se souvenait même plus de l’existence de ce disque, il a donné son accord au label anglais BBE Records pour sortir de manière tout à fait officielle ce petit chef-d’oeuvre de funk décontractée – à l’inverse de beaucoup d’albums “retrouvés” ces derniers temps qu’on publie sans se demander si le musicien en question les aurait assumés. Et on ne peut que s’en réjouir tant “Palaver”, “Make No Mind” ou “Ab Ebrese” peuvent fièrement entrer dans le panthéon des chansons d’Ebo Taylor – mention spéciale pour “Nyame Dadaw” d’une beauté à faire pleurer les pierres. Dans Palaver, tout semble à la fois doux et dense, ardent et acéré, dansant et délicat. Dans le highlife du Ghanéen, il y a comme une philosophie du bon et du mauvais flic: les cuivres nous claquent, tandis que la batterie et la guitare nous caressent. Et comme à la sortie d’un commissariat, on s’en sort la tête à l’envers. Mais avec le sourire aux lèvres et l’envie de recommencer.

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Au début, les jazzmen offraient aux producteurs hip-hop la matière première idéale pour leurs instrus. Mais aujourd’hui, la boucle s’inverse : ce sont de jeunes groupes qui se laissent imprégner par l’héritage de Madlib ou J Dilla. Symbole de cette mouvance, le quintet polonais Omasta façonne avec Jazz Report from the Hood un jazz-funk live jouissif, aux rythmes enfumés, prêt à être samplé et découpé dans une MPC. Une preuve que les B-boys et les amateurs de blue note n’ont jamais été aussi proches!

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Le label berlinois Habibi Funk, maître dans l’art de ressusciter les pépites oubliées du Moyen-Orient et de l’Afrique, frappe fort avec sa 33e sortie dédiée au chanteur Ara Kekedjian. Cette compilation nous plonge au cœur de la vibrante communauté arménienne de Beyrouth des années 60 et 70. Au programme : 11 morceaux fusionnant mélodies orientales et psychédélisme, portés par des breaks de batterie irrésistibles, un orgue électrique groovy et des mélodies entêtantes. L’une des meilleures rééditions de l’année !

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