72h avant sa sortie, le nouvel album du pianiste laborantin se dévoile (en partie) sur Le Grigri. Baptisé Papier Ciseau, il sortira le 13 novembre sur Label Bleu. On y retrouvera ses complices Emile Parisien, Valentin Ceccaldi et Michele Rabbia. Et “tOOt” un titre totalement troublant qu’on vous fait découvrir en avant-première.
Trois ans déjà. Trois ans que Roberto Negro avait fait son baptême de son sur Label Bleu avec le projet Dadada. Un disque en trio chelou et frondeur aux côtés du percussionniste-batteur Michele Rabbia et du saxophoniste-ami Emile Parisien. Si vous n’avez pas écouté ce disque, il est encore temps de rattraper votre retard avant la sortie officielle du second épisode de cette aventure de jazz trafiqué. Car Roberto Negro n’est pas du genre pianiste classique à pondre de la note bien ronde. Non, c’est plutôt un type qui cherche, qui rêve et qui (il l’assume) cauchemarde aussi. Si on devait lui trouver un pendant cinématographique, ce serait clairement David Lynch: de l’expérimentation, de l’émotion et des songes qui peuvent (parfois) tourner mal.
Cet esprit laborantin, on le retrouve dans le nouvel album du pianiste français, Papier Ciseau. Avec ce titre, on voit d’ailleurs la volonté de montage, de collage et de découpage qui anime Roberto Negro. Au programme, la même équipe, mais avec un petit nouveau, le violoncelliste Valentin Ceccaldi – une vieille connaissance puisqu’ils font tous les deux partie des fondateurs du Tricollectif, l’une des meilleures pépinières du jazz hexagonal de ces dernières années. Prévu pour le 13 novembre toujours chez Label Bleu, ce nouvel album pousse encore plus loin la démarche de Dadada.
La preuve avec le titre qu’on vous dévoile en avant-première. Proche des recherches soniques des musiciens scandinaves du label Hubro, “tOOt” montre à quel point le jazz de Roberto Negro explore la musique contemporaine, la démarche électro-acoustique, les textures synthétiques. A mi-chemin entre un Comet is Coming boréal et le vaisseau du film Alien, c’est le genre de morceau qui hante les oreilles comme un fantôme malicieux. To toot en anglais, ça signifie d’ailleurs klaxonner pour une voiture ou siffler pour un train. Un esprit nous appellerait-il à travers ces quatre minutes sous tension? C’est bien possible.
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Valentin Ceccaldi, Michele Rabbia, Roberto Negro, Emile Parisien, un poussin, un cafetière, une fusée, une chaise. Crédit: Jean-Pascal Retel
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Pour son second album en 2025, le guitariste, multi-instrumentiste et producteur japonais Takuro Okada signe un hommage à ses influences, de Sun Ra au saxophoniste norvégien Jan Garbarek (avec une reprise de son Nefertiti), en passant par la scène jazz fusion japonaise ou encore Flying Lotus. Ce type d’exercice, souvent raté chez d’autres, est ici parfaitement orchestré : chaque morceau dialogue avec le suivant, tissant un ensemble cohérent qui nous captive, parfois au bord de l’hypnose… comme ces cercles aux centres différents mais si proches de la pochette.
Au début, les jazzmen offraient aux producteurs hip-hop la matière première idéale pour leurs instrus. Mais aujourd’hui, la boucle s’inverse : ce sont de jeunes groupes qui se laissent imprégner par l’héritage de Madlib ou J Dilla. Symbole de cette mouvance, le quintet polonais Omasta façonne avec Jazz Report from the Hood un jazz-funk live jouissif, aux rythmes enfumés, prêt à être samplé et découpé dans une MPC. Une preuve que les B-boys et les amateurs de blue note n’ont jamais été aussi proches!