Snaarj Snaarj II (Bandcamp)
Snaarj, c’est un quatuor de jazz rentre-dedans, qui naviguait entre le jazz californien et la no-wave new-yorkaise au début des années 2010. Natifs de l’Indiana mais membres de la fertile scène de Chicago, ils avaient sorti un premier album en 2012 (Levels) et puis… rien. Mais rien de rien. Il faut dire qu’entre-temps, les garçons avaient commencé à noircir leurs emplois du temps de noms clinquants: chacun d’entre eux a ainsi par la suite joué avec Makaya McCraven, Jeff Parker ou Mac Miller. Ce qui constitue une très bonne excuse sur un carnet de correspondance.
Pour certains, ils sont devenus des complices d’artistes aux tournées XL: le bassiste Bobby Wooten a fait partie du groupe de scène de David Byrne, le saxophoniste alto Josh Johnson est devenu directeur artistique de Leon Bridges, tandis que le saxophoniste ténor Dustin Laurenzi a intégré la team live de Bon Iver. Quant au dernier larron, le batteur Ben Lumsdaine, il a plutôt trainé dans les studios à enregistrer les disques de Amy O, Kevin Krauter ou Mike Adams at His Honest Weight.
“Parker Groove”, un titre atmosphérique comme du Herbie Hancock sous marijuana, qui augure peut-être du futur du groupe. Un futur qui, on l’espère, ne se réalisera pas dans dix ans cette fois-ci.
Et puis voilà, presque dix ans plus tard, Snaarj se retrouve pour un tome II qui sent bon la réunion de vieux amis. Pas celle avec du formol et du botox de Friends, hein? Non, plutôt celle pleine d’émotions et d’alcool du Husbands de Cassavetes. Résultat, après une décennie d’expérience(s), le jazz de Snaarj semble bien plus dessiné, bien mieux équilibré, fort mieux concentré. On y retrouve bien sûr des textures, des ambiances, des tourneries qui rappellent la scène de Chicago menée par leurs amis Makaya McCraven et Jeff Parker.
Mais on y découvre aussi d’autres énergies voisines: le jazz-grunge d’Alas No Axis (“Bite Sized Mule”) ou l’esprit mini-fanfare du Sons of Kemet de Shabaka Hutchings (“Sweet Orange”). Là où certains confrères de l’impro ne savent pas s’arrêter, les quatre garçons de Bloomington gèrent parfaitement l’art de la concision. La majorité des douze pièces de Snaarj II tournent autour des deux ou trois minutes. Sauf un, “Parker Groove”: un titre atmosphérique comme du Herbie Hancock sous marijuana, qui augure peut-être du futur du groupe. Un futur qui, on l’espère, ne se réalisera pas dans dix ans cette fois-ci.