[PREMIERE] Maya Dunietz, la nouvelle pépite de Raw Tapes, le label qui dope le jazz de Tel Aviv

Premier album solo d’une jeune pianiste, chanteuse, performeuse, compositrice israélienne, Free The Dolphin a tout pour faire de Maya Dunietz l’une des révélations de l’année. Pour Le Grigri, cette grande admiratrice de la légende éthiopienne Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou a accepté de dévoiler en avant-première le groove poétique de “Wine of Love”.

Premier album solo d’une pianiste, chanteuse, performeuse et compositrice israélienne, Free The Dolphin a tout pour faire de Maya Dunietz l’une des révélations de l’année. Pour Le Grigri, cette grande admiratrice de la légende éthiopienne Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou a accepté de dévoiler en avant-première le groove poétique de “Wine of Love” porté par le flow irresistible de David Lemoine du groupe Cheveu.

C’est un disque dont vous allez entendre beaucoup parler. Un disque d’un trio jazz piano-basse-batterie pas vraiment conventionnel. Un disque qui confirme que Raw Tapes, label-clé de Tel Aviv, possède un saisissant radar à pépites. Baptisé Free The Dolphin, le premier album de Maya Dunietz condense à merveille les mille et un talents de cette pianiste-chanteuse-compositrice israélienne. À notre époque, où tout va vite, très vite, il est rare pour un(e) jazz(wo)man de sortir un premier disque en leader à 40 ans. Il faut dire que son parcours est plutôt singulier et intrigant.

Grande admiratrice de la légende éthiopienne Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou (elle l’a même rencontrée avant d’organiser des concerts dédiés à son oeuvre clair-obscur), voix invitée pour John Zorn ou pour le Buttering Trio, performeuse d’expo d’art contemporain (ses œuvres sonores sont passées par le Centre Pompidou, le Palais de Tokyo ou la Biennale de Venise), l’Israélienne a tout de l’électron libre et libéré, le genre d’artiste pas vraiment emballée par l’éternel train-train studio-promo-tournée.

Sur “Wine of Love”, le groove de Maya Dunietz se fait plus taquin, plus rond, plus hybride. Peut-être aussi parce qu’elle y invite le flow doux dingue de David Lemoine du groupe Cheveu.

Elle a donc pris son temps avant de sortir ce premier effort en solitaire. Enfin, en solitaire pas vraiment, puisqu’on retrouve la trompette d’Avishai Cohen sur un “Oddeta” en suspension et Rejoicer, le producteur estampillé Stones Throw, à la direction artistique de ce disque gorgé de piano acoustique et de trouvailles synthétiques. Barak Mori à la basse et Amir Bresler à la batterie complètent ce casting de figures de la scène israélienne. En six titres, Maya Dunietz étale sa science subtile du jazz contemporain: une bonne dose de tradition (elle reprend par exemple le classique “Lover Man”), une profonde respiration blues et un méticuleux travail sur les textures sonores.

Mais c’est sur le titre de clôture qu’on vous présente ici en avant-première que la profonde influence ethio-jazz de la jeune Israélienne se fait la plus prégnante. Sur “Wine of Love”, le groove de Maya Dunietz se fait plus taquin, plus rond, plus hybride. Peut-être aussi parce qu’elle y invite le flow doux dingue de David Lemoine du groupe Cheveu. Avec un ton digne d’Allen Ginsberg et de la Beat Generation, il raconte une irresistible histoire de poète intempestif. Car oui, c’est bien la principale sensation que dégage ce Free The Dolphin, celle d’une poème étrange et familier, un exercice hors du temps, une sorte de ragtime tellement intime qu’il en devient surnaturel.

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Le site de Maya Dunietz

La catalogue Raw Tapes

On sait pas vous, mais on trouve que Maya Dunietz a un air de Monica Vitti. Crédit: Dudi Hasson

On sait pas vous, mais on trouve que Maya Dunietz a un air de Monica Vitti. Crédit: Dudi Hasson

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Pour son second album en 2025, le guitariste, multi-instrumentiste et producteur japonais Takuro Okada signe un hommage à ses influences, de Sun Ra au saxophoniste norvégien Jan Garbarek (avec une reprise de son Nefertiti), en passant par la scène jazz fusion japonaise ou encore Flying Lotus. Ce type d’exercice, souvent raté chez d’autres, est ici parfaitement orchestré : chaque morceau dialogue avec le suivant, tissant un ensemble cohérent qui nous captive, parfois au bord de l’hypnose… comme ces cercles aux centres différents mais si proches de la pochette.

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Au début, les jazzmen offraient aux producteurs hip-hop la matière première idéale pour leurs instrus. Mais aujourd’hui, la boucle s’inverse : ce sont de jeunes groupes qui se laissent imprégner par l’héritage de Madlib ou J Dilla. Symbole de cette mouvance, le quintet polonais Omasta façonne avec Jazz Report from the Hood un jazz-funk live jouissif, aux rythmes enfumés, prêt à être samplé et découpé dans une MPC. Une preuve que les B-boys et les amateurs de blue note n’ont jamais été aussi proches!

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