[PREMIERE] La flamboyante alliance underground de Jac Berrocal & Riverdog

S’il y a une légende indéboulonnable de l’indépendance à la française, c’est bien lui. Jac Berrocal a joué avec tous les fêlés des mondes du free, du punk, du jazz ou du rock. À 74 balais, il continue de (se) chercher des crosses pour le légendaire label nato. Le 30 avril, il sortira un disque inclassable avec deux jeunes gens modernes. Pour Le Grigri, il a accepté de dévoiler en avant-première un titre avec tambours et trompettes, “Lint Fire”.

S’il y a une légende indéboulonnable de l’indépendance à la française, c’est bien lui. Jac Berrocal a joué avec tous les fêlés des mondes du free, du punk, du jazz ou du rock. À 74 balais, il continue de (se) chercher des crosses pour l’insoumis label nato. Le 30 avril, il sortira un disque inclassable avec deux jeunes gens modernes. Pour Le Grigri, il a accepté de dévoiler en avant-première un titre avec tambours et trompettes, “Lint Fire”.

Godard dit que “c’est la marge qui tient la page”. Et avec Jac Berrocal, on tient un type qui tient donc une sacrée bibliothèque. Une sorte de cathédrale de l’underground à lui tout seul. Depuis les années 70, on le retrouve aux côtés de tous ceux qui font sortir les genres de leurs gonds: les jazzmen qui la jouent punk, les rockeurs qui s’essaient noise, les expérimentateurs qui voient dans tout objet, même le plus anonyme, un instrument fertile. La liste fait rêver: Sunny Murray, Pascal Comelade, Pierre Bastien, Jaki Liebezeit (Can), James Chance, Alan Shorter, Bernard Vitet, Jacques Thollot, Lol Coxhill, Michel Portal, Lizzy Mercier Descloux, David Fenech ou encore Yvette Horner (oui, oui). Et comme souvent avec ces musiciens épris d’indépendantes pur, Jac Berrocal a aussi créé son label (d’Avantage) et son festival (Sens Music Meeting) qu’il envisageait comme des armes d’improvisation et de création massives.

Le trompettiste et chanteur fait partie de ces gens qui font ce qu’ils veulent, quand ils veulent, où ils veulent. “Ce qui est vulgaire, c’est de bouder son plaisir” affirmait-il

Pour comprendre le personnage, il suffit d’écouter “Rock’n’roll Station”, l’un de ses morceaux les plus célèbres (sorti en 1977 sur Parallèles). Avec un tel titre, on peut imaginer un tube plein de riffs. Eh bien non, Jac Berrocal balance un drôle de collage fascinant qui pourrait avoir été composé par l’ordinateur fou de 2001, L’Odyssée de l’Espace. Le trompettiste et chanteur fait partie de ces gens qui font ce qu’ils veulent, quand ils veulent, où ils veulent. “Ce qui est vulgaire, c’est de bouder son plaisir” affirmait-il pour parler de la réédition de La nuit est au courant par le label Souffle Continu.

À 74 ans, le jazzman punk a toujours le cervelle bien agitée et s’apprête à sortir un nouvel album sur le précieux label de Jean Rochard, nato (cf. l’étonnant disque de Tonie Marshall avec John Zorn dont on vous parlait l’an dernier). Prévu pour le 30 avril, il s’appellera Fallen Chrome et verra notre électron libre (se) chercher des crosses avec un jeune duo franco-américain. Composé du batteur Jack Dzik et du musicien électronique et poète Léo Remke-Rochard, Riverdog s’est fait une place sur la scène noise expérimental et a attisé la curiosité de Jac Berrocal grâce à leur EP Lifted Compass.

Résultat, un album libre comme l’air, entre acoustique et électronique, dont on vous dévoile la pièce la plus jazz, “Lint Fire”. Trois minutes fascinantes qui résonnent comme si Nils Petter Molvaer s’était mis en tête de retravailler des samples du Big Band Bossa Nova de Quincy Jones. Une ambiance qui plairait à coup sûr à David Lynch s’il faisait un tome 2 de Lost Highway. Logique: chez Lynch comme chez Berrocal, le fantôme du David Bowie (période berlinoise avec Brian Eno) n’est jamais loin.

La page Fallen Chrome sur le site nato

Apparemment Léo Remke-Rochard, Jac Berrocal et Jack Dzik n’aiment pas les vêtements colorés. Crédit : Margaux Rodrigues

Apparemment Léo Remke-Rochard, Jac Berrocal et Jack Dzik n’aiment pas les vêtements colorés. Crédit : Margaux Rodrigues

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Le saxophoniste, flûtiste et producteur Chip Wickham poursuit son parcours impeccable avec ce nouvel opus, The Eternal Now. Son jazz mélodique explore de nouveaux horizons, entre musique de film, groove soul et influence « Ninja Tunesque » — rien d’étonnant : le batteur de The Cinematic Orchestra est de la partie. Il s’en dégage une ambiance hors du temps, légèrement mélancolique mais profondément belle. Le disque parfait pour les week-ends d’automne ensoleillés, tasse de café à la main.

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