Sorti en plein de milieu de l’été, ce premier album de Nérija n’a sans doute pas connu le retentissement qu’il méritait – difficile de se soucier de la nouveauté jazz quand on a les pieds dans l’eau et la tête en l’air; l’été, on préférer la certitude du tube à l’imprévisibilité de la découverte (on vous prête ces deux haïkus à l’occasion si vous en avez besoin). Et pourtant, ce Blume aurait eu fière allure dans une piscine bleue ou dans une voiture rouge. Car il est limpide, lumineux, aérien, coloré, rêvassant.
Il faut dire que Nérija a des faux-airs de dream team du jazz anglais puisqu’on y retrouve notamment la guitariste de Maisha (Shirley Tetteh), la saxophoniste du SEED Ensemble (Cassie Kinosh), la trompettiste de Kokoroko (Sheila Maurice-Grey), la batteuse de l’Emma-Jean Thackray’s Walrus (Lizy Exell) ou encore la saxophoniste que tout le monde s’arrache, Nubya Garcia.
Le groove à la Blue Note des années 60 (tendance Maiden Voyage de Herbie Hancock), les guitares mal rasées du grunge, les cuivres décalés à la Steve Coleman, les harmonies éthérées de Radiohead, les mélodies de l’afrobeat ou les silences du reggae: il y a de tout ça dans Blume. Et il y a surtout un groupe soudé comme les sept péchés capitaux – parfois, on ne sait plus qui fait quoi, quoi fait qui: il y a de la guitare dans la trompette, de la batterie dans le trombone, de l’eau dans le gaz, de la luxure dans la colère et des solos à se damner. Finalement, Blume a une bonne gueule d’été: car on n’a pas envie qu’il se termine.